Avis : Twilight de Stephenie Meyer
Résumé : Bella, 16 ans, vient s’installer à Forks près de Seattle pour vivre avec son père. Elle laisse derrière elle sa mère et son nouveau compagnon, Phœnix et le soleil pour se retrouver dans une des villes les plus pluvieuses des État-Unis. En plus, il va falloir s’intégrer aux élèves du lycée alors qu’elle se considère elle-même plutôt comme une solitaire. Et puis c’est qui ce mec qui partage sa table en classe de biologie et qui semble la détester au premier regard d’abord ? Lui, c’est Edward, le Roméo dangereux aux dents qui poussent (pas) qui va tout faire pour la repousser.
Avis : Twilight (et ses suites) est un des best-sellers actuels de la littérature fantastique pour ado. Chaque tome se vend comme des petits pains et certains critiques n’hésitent pas à comparer Stephenie Meyer à J.K. Rowling. D’ailleurs les adultes se l’arrachent autant que les jeunes ou devrais-je plutôt dire : les mères de famille le piquent à leurs filles. Ça marche tellement bien que le film sort le 12 décembre prochain et MTV ne cesse de présenter des exclus sur son site. Un véritable phénomène outre-Atlantique. Les livres sont aussi disponibles en France mais je n’ai pas la moindre idée de l’impact qu’ils ont ici. Je croise surtout des commentaires de fans surexcités et curieusement peu de critiques constructives (« Elle est trop de la balle cette Bella bébé !!! ») sur ces pavés de 500 pages qui font lire les jeunes.
Je ne suis bien-sûr pas tombée sur cette série de livres par hasard. Dans la grande période littérature vampirique dans laquelle je viens de rechuter, j’épluche un peu les sites de critiques sur le sujet et Stephenie Meyer non seulement revient souvent mais en plus est généralement bien cotée (le hic, je m’en rends compte maintenant, c’est que l’âge des critiques n’est pas forcément précisé). Concernant l’aspect qui m’intéresse le plus et qui, je rassure tout de suite les lecteurs potentiels peu réceptifs aux buveurs de sang, occupe une part assez minime de l’histoire, Meyer s’est essayé à recréer à sa sauce le mythe du vampire. Plus besoin de cercueil, ils ne dorment jamais. Ils sortent en plein jour mais ont la fâcheuse tendance de scintiller au soleil donc préfèrent la nuit ou les zones géographiques peu ensoleillées. Ils n’ont pas besoin de boire du sang tous les jours et ceux du livre se satisfont de quelques animaux sauvages de temps à autre. Ils sont extrêmement résistants physiquement et pour les tuer il faut les découper en beaucoup de morceaux, brûler tout ça et éparpiller le résultat aux 4 vents (méthode vieille comme le mythe du vampire mais c’est pour dire qu’un pieu ne sera pas efficace). Le mode de « contamination » est intéressant aussi mais grosse déception : pas de trace de crocs. Autant dire que pour le côté érotique féroce de la pénétration des dents dans un cou, on repassera. Et la surprise du chef, parce que je garde le meilleur pour la fin : ils ont des super pouvoirs. Pas vraiment à la X-Men mais certains sont prescients, d’autres influent sur les émotions des gens autour d’eux. Chacun a sa spécialité, plus ou moins prononcée. Edward lit dans les pensées des gens sauf curieusement dans celui de Bella et c’est bien ce qui la rend si spéciale à ses yeux.
Mais autant tout cela parait relativement neuf, autant c’est assez peu exploité dans ce premier tome à part dans le dernier quart du livre histoire de pimenter les choses. Ici, il s’agit surtout de poser les bases de l’univers dans lequel le lecteur va évoluer dans les tomes suivants. C’est Bella qui, à la première personne, raconte son histoire, analyse ses sentiments et s’interroge sur le pourquoi du comment du parce que. Décrite comme une adolescente très intelligente et aux passes-temps à mille lieues de ceux de ses congénères (ce que je comprends), elle est condamnée à la solitude malgré sa popularité auprès de ses camarades de classe. Jusqu’à sa rencontre avec Edward qui malgré la réciprocité de leurs sentiments ne cesse de lui dire à quel point il est dangereux, qu’elle ferait mieux de prendre ses jambes à son cou. Forcément à ce moment de l’histoire, le lecteur a deviné qu’Edward est un vampire mais il faudra quelques centaines de pages pour que Bella percute. Bien-sûr, elle en tombe éperdument amoureuse malgré tous les avertissements et quand je dis « éperdument », on parle ici de Passion avec un grand P, à la vie à la mort. A 16 ans, à moins de s’appeler Juliette et de vivre à Vérone, ça n’est pas crédible pour un sou. Tout ça en restant très très chaste en plus (c’est tout juste si on entrouvre la bouche en s’embrassant, c’est dire. Il faut dire que l’auteur est mormone ce qui explique cela) et vu le temps qu’ils passent ensemble, ça force au respect (et ça me change aussi grandement de mes lectures récentes). Mais passons, ça suffit pour faire rêver des millions de lectrices. Combien de femmes disent se sentir bien avec un homme après avoir passé des heures et des heures à parler avec lui, juste parler mais qu’est ce que c’était bien et il avait l’air intéressé, je n’ai jamais autant parlé avec un homme et blablabla ? C’est justement la carte que joue Meyer. Des pages et des pages de papote à n’en plus finir où Bella et Edward alternent les questions pour tout savoir l’un de l’autre.
Comme dirait Roger Murtaugh : « J’suis trop vieille pour ces conneries ». Le moindre sentiment de fraicheur qui pouvait se dégager de cette vision parfois très inspirée du passage de l’adolescence à l’âge adulte est écrasée par une romance mielleuse à souhait entre deux « jeunes » gens qui reflètent une image complètement idéaliste de l’amour (et ça me donne bien envie de voir le jour où ils se rendront compte qu’il n’y a pas que l’amour dans un couple et qu’on ne peut pas passer des siècles à se regarder dans le blanc des yeux à se dire « qu’il est beau, qu’elle est belle, que je l’aime, qu’il m’aime ».) Et c’est sans parler de la grande liberté d’action que lui procure une quasi totale absence des parents dans le récit. Elle prend seule les grandes décisions basées uniquement sur son amour pour Edward donnant ainsi la fâcheuse impression qu’elle n’en fait qu’à sa tête.
Inutile de dire que je n’ai pas vraiment pris beaucoup de plaisir à la lecture de Twilight. J’ai trouvé ça lent, bavard et assez plat (sauf dans le dernier quart du livre où il y a un peu d’action avec l’arrivée de quelques méchants vampires). Heureusement qu’en contre-partie le style et le vocabulaire de l’auteur (tout du moins en anglais) sont simples et la lecture des 500 pages se révèlent fluide et rapide ; c’est toujours ça de pris. Maintenant, tous ces mauvais points ne m’ont pas encore dissuader de lire la suite (la série ne dure que 4 tomes ; le dernier est d’ailleurs sorti début Août) parce qu’il y a une grosse cerise sur ce gâteau tout plat : Bella est bien une de ces rares héroïnes à vouloir passer volontairement du côté obscur de la force (quand je parlais de Passion) et harcèle Edward pour qu’il la transforme pour qu’ils puissent littéralement vivre éternellement ensemble. Et ça, ça m’intrigue.
(NB : je soupçonne fort cet avis d’être à l’origine du rêve sur les ongles de pieds vu le temps que j’y ai passé (et ça se compte en jours) et le soucis du juste mot qui m’a enquiquiné tout du long. Un accouchement dans la douleur comme d’habitude… Avi n’était pas si loin finalement 😉 )
5 comments
Préambule
Bienvenue ici,
un certain nombre de posts sont actuellement hors ligne. Ce blog a plus de 20 ans maintenant et, au fil du temps, des liens se sont cassés, des images hébergées ailleurs ont disparu, le grand Internet a bougé, ma vie aussi, et en plus, je suis devenue correctrice entretemps. C'est dire si, aujourd'hui, ce blog a besoin d'un grand nettoyage de printemps.
Même si je ne poste plus autant qu'avant, c'est un lieu précieux pour moi.
En septembre 2024, j'ai refait la déco. Viendra ensuite la mise à jour du contenu. Un travail long et fastidieux puisque j'ai accumulé près de 2800 posts. Je donnerai la priorité aux avis, puis le reste suivra petit à petit.
Bonne visite !
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En manque d'idées pour un cadeau ?
merci pour la critique,
comme tu sais, je vis aux ÉU, mais je n’ai jamais entendu parler de BELLA avant de venir sur ce blog,
ma fille de 19 ans ne s’intéresse pas à la littérature « gothique », plutôt elle préfère les comédies comme sex and the city …
c’est toujours intéressant de regarder à une distance un phénomène social et littéraire, ceci nous révèle beaucoup sur la vie intérieure des lecteurs A+
19 ans c’est déjà trop vieux. Le cœur de cible doit plutôt se situer entre 12 et 16 ans (et les mères donc). Il y avait eu un article dans Newsweek sur les raisons pour lesquelles les mères approuvent la série des Twilight.
Joyce and Sara –> http://img487.imageshack.us/img487/5803/80-bogc.jpg
« are planning a road trip to meet up with other TwilightMOMS, an online group Joyce belongs to, for the Breaking Dawn release. »
now, there is definitely a reason for you and damien to come visit the U.S.,
you two have to follow the TwilightMOMS around the country, filming and recording them !! I guarantee that the documentary would be a hit in France !!
and who has hollywood chosen to titillate virginal teenage girls ?????
http://www.quizilla.com/user_images/V/VI/VIO/VioletRose797/1197508053_tPattinson.jpg
http://twilightseriestheories.com/wp-content/uploads/2008/02/taylor_lautner.jpg
and —->
http://kateveeoh.files.wordpress.com/2008/04/robertpattinsontwilightmoms.jpg
Cédric Diggory est mort depuis longtemps de toute façon.