La Doublure de Mélissa Da Costa
Quatrième de couverture : Une jeune femme fragile en quête d’un nouveau départ. Un couple magnétique et fascinant prêt à lui ouvrir les portes de son monde doré. Un trio pris au piège d’un jeu cruel et d’une dépendance fatale… Dans ce roman sombre et envoûtant, Mélissa Da Costa explore, à travers le récit d’une relation toxique, la face obscure de l’âme humaine et les méandres du désir. Après les succès de Tout le bleu du ciel, des Lendemains ou encore de Je revenais des autres, livres aux deux millions de lecteurs, l’écrivaine révèle une nouvelle facette de son talent.
Note : Pour cause de gros agacement, je ne vais pas me priver de spoiler.
Avis : Qui aurait pu prédire que je lirais un jour un livre de Mélissa Da Costa ? Certain·e·s s’en sont même étonné·e·s sur le moment tant elle est loin de mes univers de prédilection. Et pourtant, sur conseil d’une amie, j’ai lu La Doublure, qui est réputé très différent de tous les autres livres de l’autrice. Sur ce point, je ne me prononcerai sans doute jamais, mais au vu des avis des fans, ça semble être le grand écart sans échauffement.
Je vais évacuer très rapidement la raison pour laquelle je ne me risquerai pas à poursuivre l’aventure avec ses écrits : je trouve le style très pauvre, facile à lire certes, mais sans aucune saveur. L’avantage, c’est que je n’ai jamais lu 700 pages aussi vite. De plus, c’est globalement très sage et faussement transgressif. Bien sûr, tout dépend de ce que vous lisez d’habitude. Des choses qui seront choquantes pour certaines personnes ne le seront pas pour d’autres.
Si je ne devais retenir qu’un point positif, ce serait la façon dont l’art s’entremêle au récit et vient donner de la profondeur au personnage de Clara au passage. J’ai souvent reconnu les œuvres grâce aux descriptions précises qui en sont faites, et quand je ne savais pas, j’allais regarder rapidement sur Internet. C’était toujours enrichissant. Cette partie-là est très intéressante et contribue à construire l’ambiance morbide du récit.
Pour ce qui est du reste de l’intrigue, beaucoup de retournements de situation sont assez prévisibles, d’autant plus que l’autrice éclaire certains indices avec un projecteur de stade de foot. Ça donne la mauvaise sensation d’avoir toujours 150 pages d’avance sur l’héroïne. Et puis, il y a le côté sulfureux du livre. Parlons-en. Forcément, quand on voit la sexualité hétéronormée et très passive d’Evie, on part de loin. Bien évidemment que tout va lui paraître immoral en comparaison. Le livre joue amplement sur les clichés associés au libertinage et au BDSM, mais tombe dans les mêmes écueils qu’un Cinquante nuances de Grey. Il est assez évident que l’autrice s’est documentée, mais est restée très en surface de ces sujets, même si l’histoire pourrait donner l’impression du contraire.
Passons maintenant aux personnages et à leurs névroses, puisque finalement tout repose sur ça.
Evie. Evie. Evie/Eve. Quel personnage plat ! Elle est passive, influençable, manipulable, sans personnalité. À la fois capable d’esprit critique et totalement idiote. À l’image d’Anastasia Steele, elle est une oie blanche, une proie idéale pour les prédateurs. J’ai honnêtement pensé – espéré ! – qu’elle aurait une trajectoire où le sexpowerment en ferait une héroïne forte, histoire de la sauver un peu. Mais non, elle reste insipide d’un bout à l’autre. À noter que si elle n’est pas saoule ou droguée, elle ne couche pas, ce qui en dit long sur son consentement réel dans ces moments-là. Comme avec 365 DNI, je me suis encore retrouvée aux portes du coma éthylique à cause de tout ça.
En plus d’un ex toxique, Evie arrive avec une mère maltraitante et rabaissante dans ses bagages psy. Rôle que finit par endosser Clara.
Clara, donc. En bonne méchante, elle est bien entendu la plus intéressante du livre. Elle, qui se prend pour Lilith, la femme fatale, la femme par qui le drame arrive, est le personnage le mieux construit, avec beaucoup de niveaux de lecture. Elle est une prédatrice dominatrice qui aime avoir toute l’attention des hommes qui l’approchent, tout en donnant l’impression d’être prisonnière de cette image et que celle-ci cache quelque chose de plus profond et noir. Et parfois, elle se transforme en artiste vaporeuse aux pieds nus qui hante son atelier nuit et jour, imprégnée d’idées sombres. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé sa manière de parler de son processus créatif et de la façon dont lui viennent ses idées. Ça recoupe bien celui des écrivains.
Comme l’ensemble du casting, Clara est quelqu’un qui ne va pas bien, mais ce n’est pas vraiment creusé. On sait juste qu’elle a un rapport au père compliqué et une mère invisible, ce qui ne doit pas être un hasard. Elle cherche à la fois à lui prouver qu’elle vit sa vie comme elle l’entend, tout en restant dépendante de son besoin de reconnaissance et surtout de ses interventions pour lui sauver la mise. Rôle qu’adopte également Pierre, le mari. Elle est donc pour son père, comme pour les autres hommes de son entourage, la femme que l’on ne peut pas faire plier et posséder. Paye ton Électre pas résolu.
Pour terminer cette galerie de portraits, deux mots sur Pierre/Adam, 36 ans sur le papier, mais qui se comporte comme un homme de 50, notamment avec Evie. C’est un personnage assez limpide finalement, dont les actions et la psychologie sont prévisibles. Il est à la fois le sauveur, le défouloir et l’interface avec le père de Clara. C’est aussi un lâche, tout en étant un homme sous emprise. Il est dans une relation qui repose sur son besoin d’être dominé, ce qui aurait pu être sain, mais il y a trop de violence qui sort du cadre et dont il ne jouit pas. Clara sait quand attaquer pour l’atteindre et le rabaisser. Elle tape souvent gratuitement sous la ceinture.
Autant dire que les trois auraient mieux fait d’entamer une thérapie, surtout qu’ils en ont largement les moyens.
Bref, ce livre est un grand bof. Dans le même genre, préférez Clara et la pénombre de José Carlos Somoza. Il y est aussi question d’art, c’est aussi un thriller, mais c’est autrement plus dérangeant.
Préambule
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un certain nombre de posts sont actuellement hors ligne. Ce blog a plus de 20 ans maintenant et, au fil du temps, des liens se sont cassés, des images hébergées ailleurs ont disparu, le grand Internet a bougé, ma vie aussi, et en plus, je suis devenue correctrice entretemps. C'est dire si, aujourd'hui, ce blog a besoin d'un grand nettoyage de printemps.
Même si je ne poste plus autant qu'avant, c'est un lieu précieux pour moi.
En septembre 2024, j'ai refait la déco. Viendra ensuite la mise à jour du contenu. Un travail long et fastidieux puisque j'ai accumulé près de 2800 posts. Je donnerai la priorité aux avis, puis le reste suivra petit à petit.
Bonne visite !
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