Avis : Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

Présentation : Guy Delisle et sa famille s’installent pour une année à Jérusalem. Pas évident de se repérer dans cette ville aux multiples visages, animée par les passions et les conflits depuis près de 4000 ans. Au détour d’une ruelle, à la sortie d’un lieu saint, à la terrasse d’un café, le dessinateur laisse éclater des questions fondamentales et nous fait découvrir un Jérusalem comme on ne l’a jamais vu.

Avis : Shenzhen, Pyongyang, la Birmanie… maintenant Jérusalem. Guy Delisle a l’art d’aller dans des coins du Monde où on ne rêve pas forcément d’aller et encore moins de vivre. A chaque fois, son retour d’expérience s’avère riche en informations, plein d’humour et étonne par la distance qu’il arrive à mettre entre son alter-ego dessiné et les faits dont il est témoin. Chroniques de Jérusalem n’échappe pas à la règle et pourtant, à ce jour, ce tome semble surpasser ses prédécesseurs.

Comme c’était déjà le cas pour Chroniques Birmanes, l’auteur se retrouve à suivre sa femme qui travaille pour MSF. Installés dans Jerusalem-Est avec la petite famille, Delisle va retracer avec ce ton détaché qui lui est si particulier la vie telle qu’il la perçoit dans cette partie du monde à la politique compliquée et aux courants religieux multiples. Mieux encore, il arrive à soudainement rendre accessible des aspects du conflit qui de l’extérieur paraissent si complexes. Vu de l’intérieur, la situation semble honnêtement encore plus absurde et triste. Mais ça c’est le point de vue de la lectrice car Delisle ne fait que représenter, il découvre avec sa curiosité naturelle, explore et expose mais ne juge pas, laissant au lecteur tout loisir de se faire sa propre opinion sur les situations. Il ne rentre pas dans les détails, ceux qui froissent, ceux qui alourdissent, ceux qui font polémique. Le ton reste le même, même pendant l’opération Plomb durci qui frappe Gaza de plein fouet. Pourtant, il est difficile d’imaginer pouvoir rester vraiment zen pendant une telle période. Hormis la situation politique délicate, Delisle parle de ses rencontres sur place, de ses visites, de la richesse historique des lieux, d’ateliers de dessin qu’il tient et d’une tortue dans un désert de cailloux. Chroniques de Jérusalem est un constat subjectif à un temps t qui enrichit et met les choses en perspective. Une BD à ne surtout pas rater. Vous pouvez d’ailleurs découvrir le début de l’ouvrage sur le site du Monde.

Et je vous rajoute une petite vidéo où il parle très bien de ses intentions avec ce livre.

Guy Delisle, en feuilletant "Chroniques de… par rue89

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