Avis : Hit List (Anita Blake 20) de Laurell K. Hamilton
Attention chéri, ça va spoiler !
Synopsis : Un tueur en série chasse au Nord-Ouest des États-Unis, assassinant ses victimes de manière aussi horrible que spectaculaire. La police locale suspecte l’implication de « monstres » et, pour attraper le tueur, ils font appel à Anita Blake et Edward, sous son identité de Ted Forrester, qui en savent très long sur le sujet.
Mais certains monstres sont bien réels. L’Harlequin est le croque-mitaine du monde des vampires depuis plus de 1000 ans ; il représente un secret tellement obscur que le simple fait de prononcer son nom peut entraîner une condamnation à mort. Il est désormais aux États-Unis, traquant les tigres-garous et la police humaine.
L’Harlequin est au service de la Mère de Toutes Ténèbres, le tout premier vampire. Elle était censée être morte mais seul son corps a été détruit. Maintenant elle doit en trouver un nouveau et elle a décidé que le corps d’Anita était celui qu’elle voulait. Edward pense que les meurtres en série sont un piège pour attirer Anita plus près du vampire le plus dangereux qu’elle a jamais combattu. Les vampires surnomment Edward « La mort » et Anita « L’exécutrice » mais la Sombre Mère arrive pour en tuer un et prendre possession de l’autre… et elle se moque bien du nombre de morts qu’elle laissera dans son sillage. (Trad de Tan)
Avis : Quand un Anita Blake s’ouvre sur une scène de crime bien saignante, on est en raison de penser qu’il s’agira d’un bon cru. Après tout, en dehors des 30 dernières pages, Skin Trade avait été une très bonne surprise et débutait avec une tête coupée envoyée par la poste à Anita. Là c’est notre Anita qui est en déplacement à Seattle sur la piste d’un tueur en série surnaturel. Qui plus est, elle n’est pas seule puisque qu’Edward est de la partie dès le premier chapitre. Ça fleurait bon. Puis il y avait cette ambiance de vieux briscards un peu usés par le métier qui se connaissent depuis tellement longtemps qu’un seul regard suffit à passer une information. Edward fait des confidences sur sa vie qui surprennent tellement on est habitué à son personnage froid et mystérieux. Et chose merveilleuse, Anita est enfin à l’autre bout du pays sans une horde de gardes du corps qui servent tout aussi bien à la protéger qu’à nourrir l’ardeur ; signe qu’elle contrôle enfin ce pouvoir synonyme des pires heures de la série. Espoir, espoir.
Espoir qui commence malheureusement à s’envoler dès le deuxième chapitre avec l’arrivée de Raborn : le flic cliché par excellence qu’on retrouve dans tous les tomes, plein de préjugés et avec qui la situation va s’envenimer tout de suite. Il semble impossible à Anita d’aller où que ce soit sans qu’on lui colle sous le nez sa réputation de chaudasse qui couche avec tous les monstres qu’elle croise. Curieusement ça n’est jamais sa réputation touchant à son efficacité qui leur revient aux oreilles ; toujours ses histoires de coucheries. Sauf qu’il y en a marre, c’est toujours, toujours le même discours qui ne mène à rien sauf à d’interminables discussions où le flic démontre qu’il est un gros beauf stupide et où Anita répète les mêmes arguments en boucle à quelqu’un qui de toute façon ne l’écoute pas. Au même titre que les descriptions sans fin de personnages que l’on connait depuis longtemps, Laurell K. Hamilton devrait proscrire ce genre de scènes de ses livres dorénavant. Elle commence à ressembler à une production Besson où les flics sont tous des branques. Le pauvre Newman, qui n’est pas un mauvais garçon à la base, sous prétexte d’être un Marshal vierge de toute affaire sur le terrain, apparaît comme un personnage complètement niais et absolument pas crédible. Vu le niveau des questions qu’il pose, il est fort peu probable qu’on lui ait accordé son badge à la sortie de l’Académie. Mais le plus pénible dans ces histoires de police c’est sans doute tout le tintouin autour du transfert de mandat. C’est l’enjeu des 21 premiers chapitres, la moitié du livre : il faut qu’Anita et Edward récupérèrent ce fameux mandat pour pouvoir mener l’enquête à leur sauce sinon ils seront toujours assujettis à des incapables ignorants qui ne se rendent pas compte de l’ampleur de l’affaire. 21 chapitres où il ne se passe pour ainsi dire pas grand chose. L’enquête n’avance pas vraiment, Edward et Anita ne sont pas libres de prendre les choses en mains donc ils se contentent de limiter les dégâts et il en faudra des dégâts pour qu’enfin ce mandat leur tombe dans les mains. Et après ? Rien. Pas de chasse folle lancée à travers tout le pays. On vous l’a dit dans le résumé qu’il s’agissait d’un piège pour attirer Anita loin de chez elle de toute façon donc l’enquête ne sert à rien et le mandat non plus par déduction. Tout n’est que broderie pour amener à cette confrontation finale avec Marmée Noir. Le clou du spectacle qui sera expédié beaucoup trop vite naturellement et fait plus que frôler le ridicule.
En matière de broderie, LKH s’est surpassée avec Hit List et contrairement à ce qu’on pouvait imaginer, elle ne recourt même pas aux désormais traditionnelles scènes chaudes qui polluent tout ce qu’elles touchent. Il y a en tout et pour tout une scène (pour 320 pages) ; pas trop mal écrite en plus mais qui donne envie d’aller vomir une boule de poils à la fin. Dommage aussi qu’elle implique encore un nouveau personnage que l’on va devoir trimballer par la suite. A force de nous abreuver de descriptions et de nouveaux venus, l’auteur arrive à tuer l’intérêt qu’ils pourraient éventuellement susciter. Le lecteur n’a pas soif de chair fraîche, il est nostalgique du temps où la liste des amants d’Anita se résumait à un gentil triangle amoureux tout ce qu’il y a de plus standard pour ce genre. Là, dès l’arrivée des gardes, tout n’est que jalousie, compétition pour attirer l’attention d’Anita et concours de bites au sens propre (Sans rire ! D’ailleurs ça n’est pas drôle, c’est désespérant). Le summum du ridicule est atteint à la sortie de l’hôpital. Cette scène ne donne qu’une envie : lancer le livre contre un mur et le piétiner. Tous ces gens n’ont-ils donc rien d’autre à faire que de fricoter ? Hit List est une longue succession de scènes sans intérêt où Anita se retrouve souvent avec un homme collé le long du corps qui lui expose les misères de sa vie. Anita, l’archétype de la femme qui est uniquement attirée par les hommes auxquels elle pense être la seule à pouvoir apporter le bonheur. Sainte Anita, priez pour nous ! Elle s’étonne de ne pas arriver à se concentrer sur l’affaire (cf citation plus bas)… on s’étonne que Laurell qui partait de si haut en tant qu’auteur ait pu tomber si bas. Rien de neuf au niveau des thèmes abordés non plus : intolérances, racisme, bêtise humaine, Cynric… On tourne en rond, il n’y a plus rien de neuf, Anita et Laurell gnognottent.
Un peu de positif pour finir tout de même. En dehors de la scène d’introduction où on retrouve avec plaisir un cadavre et Edward, la scène de course poursuite dans les bois et en voiture est réussie. On retrouve l’ambiance des premiers Anita l’espace de quelques pages. Anita n’a pas le temps de commenter ses actions, elle est dans l’action, Edward sort l’artillerie lourde et ça fait du bien soudainement. Ça prouve que LKH a toujours ça quelque part au fond d’elle, même si elle ne semble plus disposée à en faire usage. De même, quand sur la fin, on passe enfin au nœud de l’intrigue, il y a comme un soulagement après tant de scènes inutiles et creuses. Ce qui aurait pu être positif mais n’est qu’une illusion au final, c’est la participation de Bernardo et d’Olaf. Olaf était passé à la vitesse supérieure dans Skin Trade et donnait vraiment des frissons dans le dos mais d’un seul coup, Laurell semble ne plus savoir où aller avec lui, elle le fait intervenir mais n’a pas de réelle utilité pour lui dans l’histoire. Il n’apparaît que dans les scènes dites creuses et donc ne sert à rien. Encore une bonne idée sous-exploitée et maltraitée. Soupir.
Hit List est clairement la deuxième partie de Bullet que LKH n’avait pas eu le temps d’écrire l’année dernière. Avec plus de temps pour l’écrire et pas de Merry à rendre entre temps, il aurait pu s’agit du retour aux sources : une enquête surnaturelle, Edward comme on l’aime, pas beaucoup de sexe et de l’action, de la vraie. Mais l’auteur n’avait visiblement rien d’intéressant à raconter et s’est retrouvée à meubler comme elle pouvait avec des niaiseries et des faux-débats, syndrome Dragon Ball en guise de conclusion pour achever le lecteur. L’espoir ni est plus. Anita c’était mieux avant… au siècle dernier.
“Cop years are like dog years, Karlton, multiply by seven.”
Anita
What the hell was wrong with me? I was losing focus in the middle of a case, that wasn’t like me.
Anita
PS : A noter que ce tome contient des inconsistances notables comme le fait qu’Anita prononce haut et fort le nom de l’Harlequin a un moment et sans conséquence alors que tout le reste du temps elle arrive à se rattraper. De même, Ethan se retrouve magiquement avec 3 et plus 4 formes alors que c’est justement la 4ème qui a toute son importance dans l’histoire.
Note :
8 comments
Préambule
Bienvenue ici,
un certain nombre de posts sont actuellement hors ligne. Ce blog a plus de 20 ans maintenant et, au fil du temps, des liens se sont cassés, des images hébergées ailleurs ont disparu, le grand Internet a bougé, ma vie aussi, et en plus, je suis devenue correctrice entretemps. C'est dire si, aujourd'hui, ce blog a besoin d'un grand nettoyage de printemps.
Même si je ne poste plus autant qu'avant, c'est un lieu précieux pour moi.
En septembre 2024, j'ai refait la déco. Viendra ensuite la mise à jour du contenu. Un travail long et fastidieux puisque j'ai accumulé près de 2800 posts. Je donnerai la priorité aux avis, puis le reste suivra petit à petit.
Bonne visite !
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Comme je te rejoints sur bon nombre de points, j’ai l’impression que notre Laurell est morte et qu’elle a emmené Anita dans la tombe avec elle.
J’adhère complètement à ton avis. J’avais même occulté certains évènements de ce tome de ma mémoire (la scène avec les infirmières à l’hopital, horrible)
J’ai l’impression que de toute façon les mêmes points positifs ressortent. Et mon dieu cette fin… Immonde.
Comme tu dis : Anita, c’était mieux avant.
Ton avis me fait peur! Je n’en suis qu’au tome 4 et lire ton avis, savoir comment l’histoire va évoluer, ça me « déprime » . Surtout que ce que j’aime dans les Anita Blake c’est l’action, Edward !! et sa vie amoureuse mais après si on en vient au sexe et aux scènes creuses comme tu dis ce n’est vraiment pas super. J’attends de voir mais j’espère ne pas être trop déçue :s
Il te reste encore 5 tomes tranquilles avant le grand changement. Profites-en bien 🙂
Hum comme ça me donne pas envie de dépenser mon argent…je crois que je vais attendre la version Milady hein, ça coutera moins cher !
code de vérification : al-sadique…je te dis qu’il y a des signes !
Il te reconnaît c’est pour ça, c’est un traitement particulier rien que pour toi 🙂
Rien à rajouter, c’est tellement vrai et tellement désespérant ! Elle a peut-être compris que trop de cul tue le cul … mais elle a viré l’histoire avec !! 🙂
Quand on voit que les vampires Harlequin se font « renier » par leurs garous en un tour de main, on frôle le ridicule.
Le seul point « intéressant » selon moi : l’évolution d’Olaf, qui pourrait donner qqchose de sympathique pour la suite. Ce sera certainement LE gros méchant du prochain tome non ?
C’est la grande question. Que va-t-il se passer maintenant ? Est-ce que Laurell va profiter de l’occasion de ne plus avoir Marmée face à Anita pour revenir à des enquêtes standards (espoir) ou est-ce qu’elle va lui trouver un nouvel ennemi toujours plus dangereux que le précédent ? Vu comme ça s’est fini avec Marmée, c’est sûr que Olaf va lui donner plus de fil à retordre mais le côté animal du perso me fait un peu peur, j’imagine déjà le pire avec Olaf en chien chien d’Anita…