Avis : Traquée (Rebecca Kean 1) de Cassandra O’Donnell
Synopsis : Nouvelle-Angleterre, Burlington… Pas de délinquance, élue la ville la plus paisible des États-Unis, bref, un petit havre de paix pour une sorcière condamnée à mort et bien décidée à vivre discrètement et clandestinement parmi les humains. Malheureusement, en arrivant ici, je me suis vite aperçue que la réalité était tout autre et qu’il y avait plus de démons, de vampires, de loups-garous et autres prédateurs que nulle part ailleurs dans ce foutu pays. Mais ça, évidemment, ce n’est pas le genre de renseignements fournis par l’office de tourisme. Maudit soit-il… (Présentation éditeur)
Avis : Quand le nom de Cassandra O’Donnell a fait son apparition, j’ai forcément voulu savoir de qui il s’agissait, n’ayant jamais croisé ni le nom de l’auteur ni le titre de la série Rebecca Kean sur les nombreux sites américains que je fréquente quotidiennement. Quelques minutes ont suffi à me mettre la puce à l’oreille. Cassandra O’Donnell n’existe pas… sauf sur les sites de ventes français. Mais le web français ne semblait pas plus connaître l’auteur que le reste du monde. Déduction évidente : il s’agit d’un nom de plume pour un auteur qui préfère garder l’anonymat. Pour en savoir plus, il faudra sans doute attendre encore un peu. En ce qui concerne le 1er tome : Traquée, le lancement ne pouvait pas passer inaperçu au sein de la « petite » communauté des amateurs de fantasy urbaine. 6 chapitres ont été divulgués en avant-première sur 3 sites sélectionnés avant la sortie à raison d’un par semaine, créant un buzz assez notable. Contrairement au plus grand nombre, je n’ai pas été happée par ces extraits, n’y trouvant a priori rien d’exceptionnel qu’il s’agisse des personnages ou du contexte. J’ai tout de même lu le livre pour essayer de comprendre l’engouement et voir si mon avis aller changer. Mais ça n’a pas été le cas.
A little bit too close to home comme on dit chez les anglophones. Je suis fan d’Anita Blake, inutile de vraiment le repréciser je pense, et visiblement Cassandra O’Donnell aussi. Sans doute un peu trop même car, conscientes ou pas, les références à l’œuvre de Laurell K. Hamilton que j’ai pu noter sont trop nombreuses pour ne pas me faire tiquer. Ce n’est pas tant l’héroïne en elle-même qui m’y a fait penser. Rebecca est une dure à cuire parmi tant d’autres, qui gère sa petite vie et son boulot et qui se retrouve à devoir zigouiller du monstre. Jusque là, rien de notable. Elle a une fille soit. Ça aurait pu être original, mais c’est juste qu’il y a encore peu de fantasy urbaine traduite en français avec ce cas de figure. Son passé la rattrape, elle a une vie relationnelle réduite, notamment en ce qui concerne les hommes. Pareil c’est du déjà vu. À la rigueur, Anita et elle se rejoignent sur leurs lacunes en diplomatie (et le fait qu’elles radotent un peu à ce sujet). Le gros point fort de Rebecca à mes yeux, c’est qu’elle est sans remords, elle torture, tue froidement et ne se pose pas des questions existentielles par la suite pendant 50 pages (suivez mon regard). Je serais presque fan de ses pouvoirs aussi si leur utilisation semblait un peu plus logique. Certes elle est très puissante, mais son contrôle (hors périodes où elle ne contrôle rien justement) me paraît un peu aléatoire, un coup elle envoie valser l’ennemi, un coup elle a besoin d’aide alors qu’on a l’impression que c’est dans ses cordes. Je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à la grande maîtrise dont fait preuve Harry Dresden qui généralement s’épuise au fur et à mesure alors que c’est plus fluctuant chez Rebecca pour des raisons moins évidentes.
Non, les points communs sont plus dans l’environnement, les situations et les autres personnages. Un petit florilège des choses qui m’ont le plus sauté aux yeux et qui font beaucoup pour un seul et même livre. Libre à vous d’y voir de la mauvaise foi de ma part ou pas. Les 2 scènes où Rebecca se regarde dans le miroir et constate qu’elle a bien mauvaise mine m’ont fait penser immédiatement aux scènes où Anita fait de même. La notion d’Assayim fait écho à celle du Bolverk, tout comme le Welki au Lupanar. Difficile de ne pas reconnaître en Hope un alter ego de Gretchen qui avait l’art de faire des crises de jalousie explosives quand Anita approchait Jean-Claude d’un peu trop près. En parlant de Jean-Claude, Raphaël a un peu de son aura (et des cheveux longs) mais il a surtout la mauvaise habitude d’appeler Rebecca « ma douce », chose qui l’exaspère tout autant que la petite. Accessoirement, pour des raisons que ne je ne vais pas donner pour ne pas spoiler, une conversation entre Raphaël et Rebecca m’a aussi fait penser à Angel/Angelus de Buffy. Et il y a bien sûr cette histoire de marques qui rappelle immanquablement le fonctionnement de notre triumvirat favori, tout comme certaines scènes « métaphysiques ». Ça reste néanmoins un des éléments de l’histoire qui est bien amené et ça passe presque comme une lettre à la poste.
Pour qu’une histoire d’amour m’accroche dans un roman, il faut que l’auteur soit vraiment douée (et/ou s’appelle Jeaniene Frost) parce que la romance et moi, ça fait généralement deux. Dans notre trio de choc ici présent, puisque relation triangulaire il y a dès le premier tome, j’avoue ne pas être une grande fan de Mark (comme beaucoup j’ai l’impression d’ailleurs) et encore moins fan des libertés que tout le monde semble prendre avec Rebecca. Aussi séduisant soit-il, un quasi-inconnu passerait son temps à me toucher les joues ou à se coller à moi (surtout dès le premier chapitre), il finirait par se prendre une claque. Le pauvre Mark m’a replongée dans mes pires souvenirs liés à Larissa Ione et j’en viens déjà à espérer qu’il disparaisse rapidement ; a fortiori si ça peut éviter d’avoir à subir une autre scène de combat de coqs pénible comme dans ce tome. Raphaël est déjà plus intéressant et appréciable en comparaison même s’il reste un cliché du genre. Reste qu’on brûle d’en savoir plus sur sa vie passée. Bruce, qui fait office de 5e roue du carrosse pour le moment, trouve aussi tout naturellement sa place dans la vie de Rebecca sans pour autant donner envie de voir les choses évoluer vers la romance. Bon point pour lui. Mais l’un dans l’autre, c’est un aspect de l’histoire qui ne m’a pas vraiment séduite et qui occupe un peu trop le devant de la scène à mon goût au détriment de l’action. Certes, il s’agit d’un premier tome et tout premier tome se doit de présenter les personnages et le contexte, mais j’ai vraiment eu la sensation que l’intrigue principale ie l’enquête se développait trop lentement en tâche de fond pour en plus aboutir à une scène finale trop courte que j’espérais sanglante à souhait vu le reste du livre. (Tous ces vampires, ça me donne soif moi). Chose appréciable toutefois, un peu comme dans les Mercy Thompson, on ne doit pas attendre les dernières pages pour voir Rebecca faire ses premières déductions même si, en l’occurrence, elles arrivent de toute façon trop tard pour le lecteur attentif. Tout comme un certain nombre de choses étaient prévisibles (qui dit gamine… dit boulet, c’était couru d’avance, mais au moins ça, c’est fait).
Le plus étonnant avec ce livre c’est la rapidité avec laquelle il se lit et ça n’est pas peu dire quand on connait ma célérité d’escargot. Du coup j’ai essayé de savoir ce qui pouvait expliquer cela. Réponse : le style, qui m’a vraiment donné l’impression de lire du Richelle Mead par moment (autre auteur que j’ai tendance à lire très vite, même en anglais). Ici, la structure des phrases est simple, tout comme le vocabulaire, il y a une large majorité de dialogues et peu de descriptions hormis celle de l’action en elle-même.
Je critique beaucoup, mais plus par frustration qu’autre chose. L’héroïne a du potentiel, l’histoire a du potentiel (même si je n’accroche décidément pas à l’idée de la gamine). Certains des mâles ont du potentiel. La copine Beth aussi. Globalement, j’ai le sentiment que ça aurait pu être bien mieux. En l’état, j’ai surtout la sensation d’avoir assisté à une dissection du genre pour en isoler les éléments clés et reformer une histoire dans la foulée avec une touche d’originalité, mais beaucoup trop de déjà vu. Cela étant dit, j’ai eu l’occasion de lire bien pire et pour un auteur sorti de nulle part, vouloir se frotter aux pointures américaines demande pas mal de courage et je ne peux que conclure en disant que ça fait totalement illusion. Ce qui n’est déjà pas si mal.
Quelques petites remarques en passant. Il y a un souci entre le système métrique et le système impérial. Un coup, on est en mètres/kilomètres, un coup on est en miles, la vitesse étant même donnée en miles/heure, ce qui force à faire une petite conversion rapide pour uniformiser. Il y a aussi ce bâillon qui semble disparaître mystérieusement sur la fin. Et pour moi une crêpe à la française qui se cuisine salée avec de la farine de sarrasin, du jambon, du fromage, etc., ça s’appelle une galette 🙂 (Je vis avec une terreur pseudo-bretonne qui me reprend assez souvent comme ça). Je passe sur la coquille de la page 229.
La seule citation qui m’a fait vraiment rire :
Mark : Tu as changé la déco ?
Rebecca : Tu me poses encore une question idiote et je refais la peinture avec ton sang.
Note :
10 comments
Préambule
Bienvenue ici,
un certain nombre de posts sont actuellement hors ligne. Ce blog a plus de 20 ans maintenant et, au fil du temps, des liens se sont cassés, des images hébergées ailleurs ont disparu, le grand Internet a bougé, ma vie aussi, et en plus, je suis devenue correctrice entretemps. C'est dire si, aujourd'hui, ce blog a besoin d'un grand nettoyage de printemps.
Même si je ne poste plus autant qu'avant, c'est un lieu précieux pour moi.
En septembre 2024, j'ai refait la déco. Viendra ensuite la mise à jour du contenu. Un travail long et fastidieux puisque j'ai accumulé près de 2800 posts. Je donnerai la priorité aux avis, puis le reste suivra petit à petit.
Bonne visite !
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Avis très détaillé et constructif. Je suis d’accord avec toi sur le « ma douce » « ma petite » qui est un peu trop proche et trop flagrant pour le coup. Sinon pour le reste j’ai adoré ^^
Ça marche que si on a lu Anita Blake, et comme moi je l’ai pas encore lu, ouiiiii je sais honte sur moi, bah du coup j’ai pas ces évidences qui me sautent aux yeux.
J’ai pas lu le livre, donc sur ce point je ne peux pas débattre… Mais Tan, je suis encore une fois admirative devant tes critiques, le jour où je ferai un CR aussi construit, bien écrit, et documenté, il neigera au Soudan… Ce serait pas toi l’auteure, je crois même que je serais jalouse 😉
Merci Chani 🙂
(Je vais quand même envoyer un mail à la chaine météo soudanaise pour qu’ils se préparent)
J’ai encore plus hâte de lire ce livre pour comparer nos impressions.
En tout cas, comme Chani, je suis admirative devant ta critique…
J’adore la « terreur pseudo-bretonne », non mais !!!!!!!
PS trouvé dans l’Express : Pornic resort thalasso & spa …. situé en « » » »sud Bretagne » » » », alors ?
Hérésie !!
Hérésie toi-mm ! c’est sans fin ce litige, où s’arrête vraiment la côte (ou cote à l’auvergnate) bretonne ? j’adore me marrer devant mon écran !
salut ! première visite ici mais certainement pas la dernière ;). Une copine m’a conseillé ce bouquin mais avec ce que tu as dit, je sais plus trop si je vais me lancer ou pas… J’adore Anita (en dépit de ces prises de têtes trop fréquentes) et tomber dans un pseudo plagiat… Vais méditer la question… si je me décide, je repasserais te dire ce que j’en pense 😉
Tout d’abord merci 🙂 Et ensuite, le mieux est sans doute de te faire ton propre avis. Je fais partie de la minorité qui a eu des choses à redire, la plupart des lecteurs ont a-do-ré.